WUNDE(R)
Tout doucement le long de ma peau,
Quelque part sous chaque bouche d’épiderme
Se faufile ma douleur.
Elle gratte et se surfile elle se bat
Quelque part sous ma peau
Par ici
Elle sonne à la porte
poliment, comme on le lui a appris.
Une fois, puis plusieurs fois, ça ne répond pas
Alors elle se souvient de la clé dissimulée sous le paillasson
ou dans un pot de terre je ne me souviens plus
Quelque part dans ce pot, à l’abris de la chaleur
Là où l’on attend sagement,
Se cache ma douleur
Elle s’apprête à rentrer, elle a trouvé la clé
Elle rentre
C’est de ma faute j’aurais dû mieux la planquer
L’avaler peut-être comme on avale ses dents
et que l’on mâche ses syllabes,
Qu’on mange son chaos et qu’après on se sent minable.
Mais c’était sous son nez
Comme une vague de vent iodé
Comme une chaussure délacée
Et elle appuie appuie appuie si fort
Là où ça fait mal
Et elle appuie appuie
ici
et ça me coince
l’envie de respirer
Et elle appuie
une nouvelle fois
comme pour remuer la plaie
ne plus me laisser cracher
et ça me laisse un goût de glaire
tout au fond de la poche.