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INVENTAIRE #7

épaisse pommade

ça pousse et ça s’élève
ça nettoie et ça nourrit

sous un ongle
coincé
ce sourire desséché

sous une paupière
enlacée par ma larme pelée

Un pleur s’épaissi
grandi puis s’affaisse
se coule et se suffit
Alors un autre le rejoint
Une larme épaisse
Un poignet serré
Une morsure humide qui sèche

Mais sous une ombre cachée
une pommade qui passe sa main
gelée
sous ma poitrine enflée

épilogue:
(la peau d’un ventre reste souvent ensoleillée
celle du dos on pourrait y tailler un sac)

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WETTERBERICHT #15

peau neuve

il n’y a pas de mots
pour décrire cette sensation que j’ai
comme un sol brouillé sous l’épiderme
La larme qui panse les brouillards
victime des dernières pluies

Il y a quelques feuilles mortes
qui crachent quand on leur marche dessus

Mais moi ce qui m’importe c’est cette vague de douleur
quand je traverse cette mue.

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WETTERBERICHT #14

sans titre

J’écris une première page pour toi,
pour que l’angoisse
de la blancheur
se tâche
Dans mes mots
pressés à nouveau
dans tes bras pansés
de nos blessures.
Comme si toi et moi
Nous n’avions vraiment plus
peur
Des ponctuations
qui ne feront que dessiner
un court silence

Entre ces phrases qui nous caressent
Et ces lignes qui nous dessinent

Une langue à nous
que seules nos dents nues
sauront écouter.

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HORS SERIE D’ETE #2

RÜCKFAHRT VON DIESER KLEINEN INSEL DA AN DER OSTSEE

Ich erlebe die ewige Jugend des Moments. 
Die ewige Jugend dieses Moments
kurzem und zerbrechlichen Moments 

ein Moment 
der sich selbst zerbrechen kann wie ein Stöckchen 
der zwischen meinen Fingern bricht. 

verschwommen 

Zwischen heruntergelassen Fenstern 
von zu schnell fahrenden Autos 
bleibt mein Kopf stecken. 

Gib mir Luft, Wellen und ein Schiff ich muss 
gegen den Strom deiner Lust segeln.

Ich habe mir doch noch ein paar regnerische Tage gewünscht 
nackt,
Wie jede Sekunde die mich von dir entfernt 

Mein Herz bleibt schön in meinem Anorak in vier Teile gefaltet 
ich laufe und laufe 
verschwommen 
ich laufe und laufe 
und denke an dich 

In der anderen Tasche klebt meine Hand 
Und es fließt schon wieder 

Meine nackte Wange 
Dieser Moment 
Wie heruntergelassene Sekunden
zwischen unserer zu schnellfahrenden Lust 
Dieser Moment fließt schon wieder 
wieder
ich laufe und laufe 
verschwommen 
ich laufe und laufe 

Dieser Moment klebt in meiner gefalteten Hand 
Wie dieser Syltersoßefleck 
Auf deinem zerbrechlichen Anorak.

Ce poème es paru dans la dernière édition de Heckmag Magazine. Vous trouverez l’article complet, également traduit en français juste ici:
https://heckmag.com/2021/10/18/retour-de-cette-petite-ile-sur-la-baltique/

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WETTERBERICHT #13

rustine pour flaque usée

Si les flaques sont transparentes,
C’est qu’il y a le sol de l’autre côté
et sous cette vague
morte et collante
je me suis assise quelques minutes pour respirer.
Il y a l’eau froide
qui gonfle mes poumons
Et quelques feuilles mortes
qui viennent caresser
mon regard qui n’a même plus pleuré

Alors j’attends
que les gouttes s’égouttent
et que mon pantalon sèche,
Mais sous le tissus gelé,
Mes jambes essorent un corps épuisé

Puise, puise
Toute la forme rare d’un pleur
au fond de ta poche trouée
Car la peur n’oubliera pas un instant comment te faire transpirer

Les flaques lavent les fièvres
pourtant mes lèvres sèchent ta voix
Il y a de l’eau qui me glisse des doigts.
Quelques feuilles mortes mordent mon pouls
Quelques feuilles mortes déchirent mon cou
Je me suis noyée un instant,
le temps d’une courte angoisse
Et grâce à mes rages blanches
Je troublerai un jour la transparence d’une flaque.

Epilogue:
Les semelles étanches n’empêchent pas les yeux inondés.

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INVENTAIRE #6

changement d’écorce

Les murs sont dépeints
les couleurs sont parties.
Il y a le reflet d’un miroir
Derrière toi.
Alors j’encadre
tous les portraits tirés
par un cheveux
Et j’irrite
Mes doigts secs
aussi secs que le mur
Et froids
Comme quand on se colle la joue
pour entendre le gros oeuf
De l’autre côté
La chaleur est à mourir
Alors je perce
une couche de plâtre
Avec ma dent sciée
En deux de ne plus te voir.

Epilogue:
(Dehors je suis muette mais dedans ça me fait l’effet d’une craie sur un tableau)

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WETTERBERICHT #12

cuisson en atmosphère combinée

il y a des soirs comme ce soir
où l’on ne sent plus ses doigts passer à travers l’air
et tout ce qu’on inspire par le nez
se change en eau chaude
qui faire cuire les poumons

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WETTERBERICHT #11

Wasserschaden

Sehnsucht nach Wasser
Das unbewusst in mir seine Quelle findet
wasser
Dass manchmal zu Nah an mir
vorbeifließt
Und die Schiffe nehmen keine Rücksicht mehr
auf meine Seitenflügel
Ich lasse sie laufen
Langsam,
Im Gegenstrom meines Anlaufs
Kein Stein stolpert gegen uns
Der Weg ist befreit
Die Umleitung ist umgeleitet
Doch ich wusste es schon
« Der Weg zu Zweit ist halb so lang »
Doch der Weg allein ist nicht so schmal
Und es klopft in meiner Brust und es ruft
in meine Lust
Ich halte mich fest
Das Leben ist doch ein Fest

Meine Fische sind befreit und sinken
hinter meine Wellen
Und es schubst sich in mir.
Zu Nah am Wasser gebaut
Zu stark klar für deine Augen
Ich reiße den letzte Stück Tapete.
Zwischen deine kleine Hände
bluten meine Fische, du hast sie getötet
Mein Herz halb geröstet
brennt hinter meine Schuppen

Gestern war ich stark
Heute bin ich Stumm

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HORS SERIE D’ETE #1

some words for a delayed shoegazy song

There are two people sitting in a broken car
willing to say I’m in love with you
She opens the door to sip a bit of air
fills her lungs with cold and emptiness
There are two people sitting in this very broken car
who just said I’m in love with you
and tears are filling there lungs with kindness to
She’s biting her arm to shut down the emptiness

There are two girls kissing under the redness
of a traffic light
And she’s biting the emptiness in her arm
A guy is riding his bike with a fearless monster mask

But tears won’t wash out the rainy sunshine on her spotless mind

There are two people crying in a broken car
and fears won’t wash away a kiss under a traffic light
and
behind the seat there is a melting candy bar

(c)sohoscope
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STADTRUNDFAHRT #6

laid caillé

une écaille de pensée caille
le lait qui couvre mes envies

ce n’est plus la gorge nouée que je crie
ni avec les poings serrés que j’avance
sur un sable humide.
L’ombre de la pluie cache chaque pas sec

un jour plus qu’une morsure saura m’écouter
plus qu’un pincement pour semer
une vie
de voile, de vague et de petite plante que l’on posera
sur le rebord d’une fenêtre sans vitres.

Epilogue I:
pas tous les courants d’air font mal à la gorge

Epilogue II:
une conjonctivite ne s’attrape pas uniquement dans un wagon climatisé